Return to BYDEALERS.COM
  Back to Auction
66
Jean Paul Lemieux, Le temps retrouvé – Kent House 1913
Estimate:
CA$300,000 - CA$400,000
Starting bid:
CA$230,000
Passed
Live Auction
BYDealers – Art canadien important / Important Canadian Art
ARTIST
Jean Paul Lemieux
Description
Techniques/Medium
Huile sur toile / Oil on canvas
Dimensions
66 x 81,3 cm / 26 x 32 in
Signatures: signée au bas à droite; titrée sur le châssis / signed lower right; titled and on stretcher
Provenances
Succession de / Estate of Roland Dubeau, Québec
Heffel Fine Art Auction House, Post-War & Contemporary Art, Toronto, 30 May 2018 (Lot 20)
Galerie l'Art Français, Montréal
Bibliographie/Literature
GRANDBOIS, Michèle. Jean Paul Lemieux : Sa vie et son œuvre, Institut de l’art canadien, 2016.
DUBÉ, Marcel. Jean Paul Lemieux et le livre, Montréal, Art global (Le Canada et ses trésors), 1988.

Tableau-signature, Le temps retrouvé – Kent House 1913 incarne une scène éminemment classique du répertoire de Jean Paul Lemieux – scène où l’envoûtement et le mystère se donnent la réplique. En effet, ce tableau fait rejaillir la douceur des souvenirs qui ont bercé l’enfance du peintre, lequel entame alors la dernière décennie de sa carrière. Si Lemieux évoque souvent l’hôtel Kent House comme lieu de choix, c’est parce qu’il y a passé tous ses étés jusqu’en 1915, avec sa sœur Marguerite, son frère Henri et ses parents. Il écrit d’ailleurs, dans le préambule du livre d’art Time Remembered : « La nostalgie du temps passé m’a toujours hanté comme elle remue tous ceux qui ont connu une enfance heureuse. »

Ainsi, dans un ultime retour aux sources, Lemieux imagine et brosse tendrement Le temps retrouvé, où l’on décèle l’hôtel Kent House (aujourd’hui le manoir Montmorency), tout endormi au fond d’un champ qui, constellé de fleurs bleues, escorte les personnages dans un songe fait de scintillements et de quiétude. Un couple fort élégant s’avance dans une marche solennelle, emplissant l’espace pictural de haut en bas, tandis que tout au loin, sur la droite, se profile un personnage vêtu et coiffé de blanc : serait-ce l’artiste lui-même, qui s’éloigne dans la lueur crépusculaire d’une fin d’été? Des voitures d’époque arrivent et repartent le long du chemin qui contourne l’établissement, non loin de la chute Montmorency. Le charme opère et le regard s’infiltre subtilement dans ce décor magique.

Cette toile rassemble de nombreux motifs ayant fait la marque de Lemieux au cours de sa carrière : figures fragmentées et énigmatiques, horizon qui tangue, cycle des saisons et condition humaine. Elle dénote l’espoir et l’élévation, à un moment où l’artiste connaît la consécration, ici et ailleurs. Les contrastes essentiels du noir et du blanc, puis du rouge et du vert rappellent des tableaux antérieurs à la facture et au sujet comparables, tels que Les noces de juin (1972) et Le manoir (1973), qui tablent sur ces lieux enchanteurs, restitués à différentes saisons. Peints plus tôt encore, 1910 Remembered (1962) – dont la présente toile reprend les personnages – et L’été de 1914 (1965) situaient déjà la scène aux abords du manoir enchanteur, souvent flanqué de son petit pavillon blanc. Dans Le temps retrouvé, Lemieux recrée cette même puissance feutrée qui laisse présager le début d’une nouvelle saison : l’automne s’installe déjà dans ce coin de paradis qui l’a vu s’épanouir.

Dans la foulée de cette « réminiscence autobiographique », Lemieux crée une série de 15 tableautins, tous datés de 1978 et reproduits dans l’album d’art Time Remembered, publié aux éditions Mira Godard en 1980. Ces illustrations retracent une partie de l’enfance de Jean Paul Lemieux, soit entre 1905 et 1912. Corollairement, avec Le temps retrouvé – Kent House 1913, Lemieux signe une œuvre à la fois intime et universelle, sorte de longue révérence à cette merveilleuse période à jamais gravée dans sa mémoire.

(Annie Lafleur)



A signature painting, Le temps retrouvé – Kent House 1913 re-creates an eminently classic scene from Jean Paul Lemieux’s repertoire—one in which enchantment and mystery play opposite each other. Indeed, it rekindles the sweetness of his most cherished childhood memories at a time when he was embarking on the final decade of his career. Lemieux often turned to the Kent House hotel as his location of choice, having spent every summer until 1915 there with his sister Marguerite, his brother Henri, and his parents. In fact, in the foreword to the album Time Remembered, he wrote, “Nostalgia has always haunted me, much like it stirs anyone who has had a happy childhood.”

In this final return to his roots, Lemieux conjures and tenderly depicts Le temps retrouvé: the Kent House hotel (now the Manoir Montmorency), nestled at the edge of a field sprinkled with blue flowers that provides a shimmering, peaceful, and dreamlike backdrop for a group of figures. An elegantly attired couple walks solemnly forward, filling the pictorial space from top to bottom. Meanwhile, another person dressed head to toe in white appears in the distance on the right. Could this be the young Lemieux heading off into the glimmering dusk of the late summer’s evening? Period cars come and go along the lengthy road that skirts the building, not far from Montmorency Falls. Spellbound, our gaze gently drifts within this magical setting.

The painting features many of the motifs that brought Lemieux into prominence: truncated, enigmatic characters; a sloping horizon; the changing of the seasons; and the human condition. It’s a hopeful, elevated piece produced at a time when Lemieux was being recognized both here and abroad. The absolute contrasts of black/white and red/green recall a few of his previous works of a similar style and subject, including Les noces de juin (1972) and Le manoir (1973), which depict these enchanting settings at different times of the year. Earlier paintings, such as 1910 Remembered (1962)—whose figures reappear in this work—and L’été de 1914 (1965), previously set the scene on the grounds of this lovely manor, sometimes flanked by its little white gazebo. In Le temps retrouvé, Lemieux encapsulates the same subdued power that foreshadows the start of a new season: fall is now settling on this corner of paradise where Lemieux first began to flourish.

In the wake of this “autobiographical reminiscence,” Lemieux created a series of fifteen small paintings in 1978 that were reproduced in the album Time Remembered, published by Mira Godard in 1980. These illustrations recount the part of Jean Paul Lemieux’s childhood between 1905 and 1912. Here, with Le temps retrouvé – Kent House 1913, Lemieux captures something that is both intimate and universal, a kind of lasting reverence to a wonderful period forever etched in his memory.